Me tenant un peu aux faits de ce qui se déroule autour de la question des personnes sans abri, je souhaitai vous faire part d'un évènement ayant eu lieu ce mardi 19 juin 2012 Quai Valmy à Paris.
Le collectif "Les Morts de la Rue" a organisé pour la seconde fois cette année la commémoration de 264 personnes mortes durant ces 6 derniers mois en France. Ce moment a pour vocation de faire apparaître les invisibles et surtout de rendre hommage à ces hommes, femmes et familles morts sur un pavé. Des bénévoles du collectif ont collé, tout au long de la cérémonie, les 264 noms des personnes décédées sur un mûr tagué.
Devant avait été dessiné une "scène" laissant place à plusieurs intervenant pour lire le nom, le prénom, l'âge et le lieu où les personnes s'en sont allées.
Les personnes présentes à cette cérémonie étaient nombreuses, beaucoup d'associations mais aussi des particuliers et journalistes. Cette commémoration a donné la possibilité aux personnes de la rue de prendre la parole (bien qu'encore trop rare à mon goût). En effet, plusieurs SDF sont venus sur cette "scène" parler de leur douleur, disant adieu à leur ami. Certains avaient préparés des textes de slam, poèmes ou encore de la prose; lyriques, métaphoriques et chargés d'émotion.
Ce moment a été un temps dédié à ces hommes effacés et oubliés. Un temps de recueil. Un temps de lien. Un temps d'espoir et de solidarité.
En attendant, regardons-nous, lions-nous et agissons ensemble pour ce qui nous semble juste.
En lien cette chanson d'Eric Toulis proposée par Neïké qui traite du sujet:
Très belle initiative ... Je réagirai seulement en vous faisant part d'un discours de Victor Hugo sur la misère à l’Assemblée Nationale le 9 juillet 1849.
RépondreSupprimer«Je ne suis pas, Messieurs, de ceux qui croient qu'on peut supprimer la souffrance en ce monde, la souffrance est une loi divine, mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu'on peut détruire la misère. Remarquez-le bien, Messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu. Détruire la misère ! Oui, cela est possible ! Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n'est pas le fait, le devoir n'est pas rempli.
La misère, Messieurs, j'aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir où elle en est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu'où elle peut aller, jusqu'où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au moyen-âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ?
Mon Dieu, je n'hésite pas à les citer, ces faits. Ils sont tristes, mais nécessaires à révéler ; et tenez, s'il faut dire toute ma pensée, je voudrais qu'il sortît de cette assemblée, et au besoin j'en ferai la proposition formelle, une grande et solennelle enquête sur la situation vraie des classes laborieuses et souffrantes en France. Je voudrais que tous les faits éclatassent au grand jour. Comment veut-on guérir le mal si l'on ne sonde pas les plaies ?
Voici donc ces faits :
Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l'émeute soulevait naguère si aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n'ayant pour lits, n'ayant pour couvertures, j'ai presque dit pour vêtements, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures humaines s'enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l'hiver. Voilà un fait. En voici d'autres : Ces jours derniers, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misère n'épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à la lettre, et l'on a constaté après sa mort qu'il n'avait pas mangé depuis six jours. Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon!
Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société toute entière ; que je m'en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l'homme, que ce sont des crimes envers Dieu !
Voilà pourquoi je suis pénétré, voilà pourquoi je voudrais pénétrer tous ceux qui m'écoutent de la haute importance de la proposition qui vous est soumise. Ce n'est qu'un premier pas, mais il est décisif. Je voudrais que cette assemblée, majorité et minorité, n'importe, je ne connais pas, moi de majorité et de minorité en de telles questions ; je voudrais que cette assemblée n'eût qu'une seule âme pour marcher à ce grand but, à ce but magnifique, à ce but sublime, l'abolition de la misère!
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SupprimerEt, messieurs, je ne m'adresse pas seulement à votre générosité, je m'adresse à ce qu'il y a de plus sérieux dans le sentiment politique d'une assemblée de législateurs ! Et à ce sujet, un dernier mot : je terminerai là.
Messieurs, comme je vous le disais tout à l'heure, vous venez avec le concours de la garde nationale, de l'armée et de toutes les forces vives du pays, vous venez de raffermir l'Etat ébranlé encore une fois. Vous n'avez reculé devant aucun péril, vous n'avez hésité devant aucun devoir. Vous avez sauvé la société régulière, le gouvernement légal, les institutions, la paix publique, la civilisation même. Vous avez fait une chose considérable... Eh bien ! Vous n'avez rien fait !
Vous n'avez rien fait, j'insiste sur ce point, tant que l'ordre matériel raffermi n'a point pour base l'ordre moral consolidé ! Vous n'avez rien fait tant que le peuple souffre ! Vous n'avez rien fait tant qu'il y a au-dessous de vous une partie du peuple qui désespère ! Vous n'avez rien fait, tant que ceux qui sont dans la force de l'âge et qui travaillent peuvent être sans pain ! tant que ceux qui sont vieux et ont travaillé peuvent être sans asile ! tant que l'usure dévore nos campagnes, tant qu'on meurt de faim dans nos villes tant qu'il n'y a pas des lois fraternelles, des lois évangéliques qui viennent de toutes parts en aide aux pauvres familles honnêtes, aux bons paysans, aux bons ouvriers, aux gens de cœur ! Vous n'avez rien fait, tant que l'esprit de révolution a pour auxiliaire la souffrance publique ! Vous n'avez rien fait, rien fait, tant que dans cette œuvre de destruction et de ténèbres, qui se continue souterrainement, l'homme méchant a pour collaborateur fatal l'homme malheureux!»
Très beau texte...
SupprimerEt c'est fou comme, à quelques idées près, tout ce qu'il dit est d'actualité.
En revanche, aujourd'hui , il me semble qu'on n'entend plus de discours tel quel, aussi bien écrit, honorable et engagé (je parle en politique). Enfin, je crois...
Ca me fait penser, dans un registre plus léger, à cette chanson:
RépondreSupprimerhttp://www.dailymotion.com/video/xei2j9_eric-toulis-brahim-haiouani-la-java_music
Quelle tristesse, que de blessures enfouies pour ces oubliés, qui s'en vont seuls comme ils ont vécus ignorés des autres de la société ou ils n'ont pas trouvé leur place!!!!!
RépondreSupprimerTout à fait d'accord Viviane.
RépondreSupprimerJe pense que ça pourrait être le moment (ou du moins à la rentrée) de mettre en place, pour la seconde fois, un atelier d'écriture mais cette fois-ci qui aborderait les différents thèmes de discussions et débats qu'on aurait évoqué sur le blog. Je dis ça car j'aime beaucoup le rythme de la phrase et je dirai même que la forme valorise le contenu. Viviane ? Partante?
tout à fait partante Pauline!!!! il faut s'indigner de toutes ces injustices !!!!!
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