Coups de coeur !

Cinéma : "DJANGO unchained", de TARANTINO (Par Pauline)

L’histoire se déroule deux ans avant la guerre de sécession dans l'antre de l'esclavage sauvage : au Texas, Mississippi. La rencontre entre un "boy" enchainé et un tueur à gage allemand est le
point de départ du film. S'en suit trois heures où l’on vacille entre violence et humour rythmé par une BO plus qu'excellente (disponible en écoute ici).
Ce film nous offre des échanges délicieux entre le boy, l’allemand, et Di Caprio avec un humour grinçant et un second degré constant. De vraies répliques qui tuent : « Messieurs, vous avez commencé par éveiller ma curiosité mais là vous captez mon attention » ou encore « Je suis curieux de savoir ce qui fait de toi un si grand expert / Je suis curieux de savoir pourquoi vous êtes si curieux de savoir ».
De plus, on retrouve les scènes classiques de Tarantino avec des combats où l’hémoglobine coule à flot grâce à des armes surpuissantes !
Et puis, il faut le dire, les acteurs jouent parfaitement leurs rôles. Django transcende le style du « Niggas » (de Jay-Z) affranchi, avec assurance et fierté. Un pur bonheur pour les spectateurs.
Enfin, c’est aux détails que se joue la perfection de ce western : toutes les scènes laissent entrevoir des objets symboliques d’une Amérique du sud raciste, anti-noir.
Ces détails mettent en scène l’esprit de l’époque et donnent du poids à l’histoire entre Django et Mr Schulze. Mais le spectateur est chouchouté et pas blâmé, Tarantino met assez de distance pour qu’on se laisse emporter par une légèreté certaine.
En somme, Django, c'est un western presque "spaghetti" qui parle de l'Histoire avec perfection.
Un film à aller voir !!!!

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Littérature : "Les chaussures italiennes", Henning MANKELL (par Monique)

Lors de l'après midi réservée "à nos lectures" nous étions un tout petit groupe motivé pour présenter roman,  texte du moment. Pas de prix littéraires , mais des lectures  qui ont retenu notre attention des vrais " coups de coeur".
Mon roman : "Les chaussures italiennes", l'auteur Henning Mankell, collection points. N'imaginez pas
la douceur des paysages italiens, mais plutôt une île de la baltique, le froid, la neige, la solitude volontaire. Le personnage central Fredrik Welin, 66ans, vit seul dans ces espaces peu hospitaliers, ses compagnons deux animaux vieillissant, une chatte et un chien. Le quotidien de Fredrik est rythmée par un bain nu dans un trou de glace, et la visite de Jansson, facteur de l'archipel. La vie de notre personnage, autrefois chirurgien, semble arrêtée, figée comme les étendues glacées qui entourent la seule maison de l'île. Et puis un jour, un bruit inhabituel attire Fredrik hors de la maison. Sur le lac glacé, une silhouette noire approche, une femme appuyée sur un déambulateur. Cette rencontre va complètement changer la vie de cet homme. Pour le lecteur commence alors une suite d'évènements qui s'enchaînent de façon inattendue, surprenante. Le roman, truffé de rebondissements, est mené comme un roman policier. l'écriture est belle. En conclusion ne vous privez pas de le lire !!!

Pour info, j'ai proposé un autre récit qui installe également dans un premier temps le personnage dans une vie rude et solitaire : "Le mur invisible" de Marlen Haushofer (publication 1963). Celui-ci aborde cette problématique mais d'une autre manière. L'histoire raconte la vie d'une femme survivante en pleine forêt des pré-alpes autrichiennes, isolée du reste du monde par un mur invisible. La narratrice rejoint pour un weekend un couple d'amis. A son arrivée, ses amis sont absents, partis chasser. Elle décide de les attendre, s'installe dans le chalet. Le lendemain le couple n'est pas revenu; elle décide de partir à leur recherche. Sur le chemin elle découvre qu'un mur invisible la sépare désormais du monde. Derrière ce mur tous les êtres vivants qu'elle aperçoit ont été pétrifiés durant la nuit. Elle va organiser sa survie avec pour simples compagnons le chien "lynx", une vieille chatte et une vache. Elle doit affronter les intempéries, la faim, la maladie, faire face à son quotidien austère, faire des tâches éprouvantes et répétitives, mais aussi lutter pour ne pas se laisser envahir par ses souvenirs, la peur, la conscience de sa situation.

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Littérature : "Le joueur d'échec", Stefan ZWEIG (par Cyril)



Stefan ZWEIG est né à Vienne en Autriche en 1881, et s’est donné la mort à Petrópolis au Brésil en 1942. Né de parents de la bourgeoisie juive, il se passionne pour les arts et écume avant ses 20 ans les cabarets, galeries et se mêle aux artistes, en même temps qu’il passe sa thèse de philosophie, avant de se mettre lui-même à l’écriture, avec ses premiers poèmes et récits.
C’est aussi un voyageur, qui
parcourra l’Europe, l’Inde, les États-Unis, avant la Première Guerre Mondiale. Lorsque ce conflit éclate, il ne part pas au Front mais est engagé dans la propagande et face aux atrocités de ce conflit devient profondément pacifiste. Prévoyant, il  quittera vite son pays pour l’Angleterre en 1934, lorsque les nazis commencent à s’installer en Autriche.
En 1936 il arrive au Brésil, pays qu’il chérira comme terre d’accueil et d’exil. Là, il assiste au fur et à mesure à l’entrée en guerre de tous les pays du monde.
Détruit moralement par cet état de guerre, et la descente en enfer de l’humanité, il se suicide en février 1942, avec sa compagne. Ils se sont donné la mort en ingérant une dose massive de barbiturique et ont attendu allongé dans un lit côte à côte leur mort.
Le Joueur d’échec est son dernier récit, une nouvelle publié à titre posthume en 1943.

Cette longue nouvelle oppose deux esprits durant une partie d'échecs sur un bateau navigant entre New York et Bueno Aires. Le premier est le champion du monde en titre, un yougoslave nommé Czentovic. C'est à 15 ans qu'il se découvre un talent inné pour les échecs. En dehors de ça, c'est un être mollasson, dépourvu de culture générale, replié sur lui-même. Imbu de lui-même puisqu'il écrase tous ses rivaux : extrait du roman :"il se croyait le personnage le plus important de l'humanité", "il ne soupçonne pas qu'il y a d'autres valeurs en ce monde que les échecs et l'argent".
Il possède néanmoins une certaine forme d'intelligence, car le hasard n'a aucune place dans ce jeu profondément stratégique et tactique. En effet, Czentovic a appris les finesses, les ruses, la technique de l'anticipation et des combinaisons de ce jeu.
Une première partie se joue entre le champion Czentovic et un riche voyageur moyennant une  somme d’argent pour motiver la participation du champion à cette partie. L’issue de la partie ne faisant aucun doute, le riche voyageur demanda sa revanche.
Un illustre inconnu appelé M. B va mettre à mal cette insolente domination. La partie oppose Czentovic à un groupe de plusieurs joueurs moyens dont M. B propose son aide.
Ce M. B raconte son histoire à un passager (le narrateur), et la raison pour laquelle il fut intéressé par le déroulement d'une partie en cours sur le bateau.
Il fut emprisonné durant plusieurs mois par la Gestapo, subissant de nombreux interrogatoires. La solitude lui pesait énormément lorsqu'il eut l'habileté de dérober un livre dans la poche d'un gardien. Telle ne fut pas sa déception en constatant que ce n'était qu'un manuel d'échecs, regroupant une centaine de parties d'échecs jouées par des maîtres. Histoire de s'occuper l'esprit pour ne pas sombrer dans la folie, il se confectionne un échiquier avec son drap et façonne les pièces avec de la mie de pain. M. B joue et rejoue les exemples, jusqu'à les connaître par cœur. L'ennui réapparaît devant la routine.
Il joue alors contre lui-même, ce qui est une aberration puisque le même cerveau réfléchit pour deux. Comment ne pas prévoir ce que l'autre à en tête ? C'est impossible ou de la schizophrénie. Poussé dans des réflexions infinies, le détenu plonge inéluctablement dans la folie.
Une vingtaine d'années plus tard, sur le bateau, M. B voit son traumatisme resurgir, car le corps se souvient et il commence à redevenir fou en repensant à ces mauvais souvenirs.
A noté à la fin du roman une courte biographie de l’auteur pour mieux comprendre son récit et son suicide.

Ce roman peut motiver les plus récalcitrants à la littérature car il est composé de moins de 100 pages et parles très peu du jeu d’échec en lui-même si ce thème nous vous accroche pas. Mais pour autant n’ayez pas peur du peu de page de ce récit car on entre directement dans l’histoire qui est très prenante sans s’éparpiller sur des détails superficiels qui nous font perdre le fil du roman. Le plaisir de lire est immédiat avec ce livre, pas de perte de page si vous craignez sur temps dont vous entrerez dans ce fabuleux roman.
C’est un moyen de nous raconter une histoire forte qui s’est réellement déroulée sur la détention de la part des nazis pour obtenir des informations confidentiels envers les hauts placés Alliés tout en alliant humour et décontraction.
Pour résumer, un roman que je vous conseille vivement, au fur et à mesure des pages, j’ai été pris par la force de l’intrigue. Tous les autres livres de Stefan ZWEIG allient le même style entre philosophie et réflexion sur la vie (en utilisant des faits réels) sans trop rentrer dans un style philosophique ennuyeux.

2 commentaires:

  1. Pour Django, super article pour un super film, que j'ai surkiffé aussi. Bien décalé sur un sujet lourd, avec des scènes de combat jouissives et des répliques délicieuses.

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  2. Oui Django un film à aller voir !!!
    Il est juste énorme et ton résumé Pauline donne très envie j'en suis sûr à ceux qui ne l'auraient pas encore vu. (j'aperçois un avenir pour toi dans les critiques de films...à méditer)

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