Imaginons des prisonniers,
enfermés dans une demeure souterraine, enchainés, le visage tourné vers
la paroi opposée à l’entrée, et dans l’impossibilité de voir autre
chose que cette paroi. Elle est éclairée par les reflets d’un feu qui
brûle au dehors, à proximité d’une route.
Sur cette route
passent différents véhicules, ainsi que des personnes portant sur leurs
épaules toutes sortes d’objets, échelles, outils, …etc.
Des véhicules et des objets,
les captifs ne voient que l’ombre projetée par le feu sur le fond de la
caverne, comme dans un théâtre d’ombres chinoises. De même, ils
n’entendent que les échos des paroles et des bruits qui leur parviennent
de l’extérieur. Habitués depuis leur
naissance à contempler ces images, et à écouter les sons déformés dont
ils ignorent l’origine, ils vivent dans un monde virtuel qu’ils prennent
pour la réalité.
Lorsque l’un d’entre eux
est délivré de ses chaînes et entraîné vers la lumière, il en est
aveuglé et ne distingue rien de ce qui l’entoure. La lumière du soleil
lui fait mal. Instinctivement il cherche à protéger ses yeux de cette
lumière aveuglante. Peu à peu, cependant, il s’habitue à la lumière, et
il commence à voir le monde tel qu’il est. Il devient capable
d’affronter la réalité, et comprend les mécanismes du monde qui
l’entoure.
C’est alors qu’il réalise
que sa vie antérieure n’était qu’un rêve sombre, et il se met à
plaindre ses anciens compagnons de captivité. Mais s’il les rejoint pour
leur dire la vérité, pour leur montrer l’illusion dans laquelle ils
vivent et leur décrire le monde réel, qui l’écoutera, qui le croira ?
Ils le traiteront de fou ! Et personne ne voudra remettre en cause sa
propre existence, toute sa vie, et tout à ce quoi il avait cru ! C’est
trop compliqué !
On comprend facilement
la signification de cette parabole. La caverne est le monde dans lequel
nous évoluons. Et malgré les difficultés de notre existence, il est
très difficile de changer notre perception de la société, de remettre en
cause ce que l’on nous apprend depuis notre naissance. Il est parfois
plus facile de rester dans l’ignorance.
Nous sommes enchaînés
dans cette caverne, esclaves de notre histoire, de notre éducation et
de tous les aprioris qui en découlent. La lumière est au dehors, mais il
faut du courage pour l’affronter, accepter les contradictions et ne pas
avoir peur d’affronter la vérité. Au final rester dans la caverne, dans
un monde illusoire, est plus facile, et plus rassurant. Essayer de
comprendre le monde tel qu’il est peut être traumatisant.
Celui qui veut décrire le monde
tel qu’il est, aura du mal à le faire accepter par ceux qui pensent que
la réalité qu’on leur propose est la seule possible. C’est pourquoi il
est rarement écouté. Il essaiera d’expliquer, que la vision du monde est
une illusion, véhiculée par les médias au service de ceux qui sont à
l’extérieur de cette caverne, et qu’il faut avoir le courage de sortir
de la caverne pour se mettre en quête de la vérité. Compliqué,
difficile, mais ne pas essayer est une faute ! Les gouvernants comptent
sur les œillères qu’ils nous font porter pour pouvoir nous manipuler.
Tant que nous restons dans les limites de notre caverne, ils peuvent
jouir des privilèges qu’ils se sont accordés.
Article pris ici : http://2ccr.unblog.fr/2010/12/11/le-mythe-de-la-caverne/
On le présente souvent comme LE texte d'introduction à la philosophie mais personnellement je ne m'étais jamais véritablement penché dessus.
RépondreSupprimerLa description qui en est ici faite montre toute sa portée. Il serait intéressant de questionner sa dimension contemporaine. Quelle est aujourd'hui notre caverne? Quelles sont les chaines qui nous y accrochent? Quelles sont les voies possibles vers plus de "lumières"? Quels sont ceux qui peuvent nous y guider?
Merci pour ce petit rappel de philo.
RépondreSupprimerCela me fait penser à deux choses, une manière de faire (que j'essaie d'appliquer) et une citation:
- Manière de faire: ne jamais donner de conseils à qui ne t'a rien demandé (particulièrement vrai dans les discussions avec les filles, soit dit en passant)
- Citation (de tête): "La force d'un esprit se mesure à la quantité de vérités qu'il est capable d'accepter." (Nietzsche)
Ceux pour qui l'allégorie restait obscure, je crois que ce texte a dû vous éclairer...
RépondreSupprimerNeiké, je trouve ta deuxième citation très pertinente. Et ce qui est étonnant, c'est que Nietzsche et Platon se complètent,ici, parfaitement malgré la pensée nietzschienne qui se voulait, il me semble, assez critique à l'égard des Platon's theories ; ) (Dam tu m'dis si je me trompe pour Nietzsche)
Je voulais, pour ma part, rebondir plus précisément sur ce que dit le texte à savoir " les gouvernants (qui sont à l'extérieur) comptent sur les œillères qu’ils nous font porter pour pouvoir nous manipuler". Cette proposition met en exergue un point qui me gène: peut-on considérer que les gouvernants sont éclairés? Sommes-nous réellement enchainés, prisonnier des hommes politiques au pouvoir ? Les chaines seraient-elles les médias?
Je ne suis pas sûre qu'attribuer aux politiques le monopole de la "lumière" au sens platonicien soit éclairé justement.
D'ailleurs je voulais rebondir sur tes questionnements dam, qui je pense, font sens à tout le monde. En effet quelles sont aujourd'hui nos chaines, notre caverne, notre lumière? La réponse est-elle si simple, si évidente?
Je pense, qu'il serait intéressant de se plonger en nous même pour y réfléchir. Platon met en avant que le conditionnement de l'être est aliénant. Il devient esclave des mirages qu'il perçoit. Mais que remet-il en question, le fait de se fier à ce que l'on voit (vérité) ou de ne pas chercher à voir autre chose (réalité)? Et dieu dans tout ça? N'est-il pas selon Platon notre première caverne, et la religion nos chaînes?
Aujourd'hui je me questionne sur les chaines qui rendent esclave et aveugle à la fois. Tous enfants d'un pays libre, cette liberté ne nous donne-t-elle pas le vertige au point que l'on se crée nous même notre propre aliénation? Platon parlait des défauts des "sens", ne pourrions nous pas parler désormais des défauts des "sens-timents", des "sens-ations" ou encore "res-senties". Notre peur d'être dans le vide, la peur de notre propre Moi ne nous oblige-t-elle pas à nous ligoter? La lumière n'est ce pas l'apprentissage du vide? La conscientisation du Rien, du Néant?
moi je me souviens qu'a l'école en philo, j'avais etudié le corps et l'esprit, ça me fait penser a ça apres ces cours je me posais bcp de questions folles , est-ce que ce que je vois est rellement ce qu'il est, pour un objet par exemple, la couleur la forme, c'est un message envoyé des yeux au cerveau d'un element du corps a un element de l'esprit donc il y a peut etre des donnés qui peuvent deviées durant cette transmission, pareil pour les bruits, je me dit qu'il y a plusieur type d'ecoute et de vue personne n'entends et ne voit exactement la meme chose donc il y a pas de forme et de son egal pour tous, de plus je pense que l'imagination intervient aussi dans l'appreciation d'un son et dans la vision d'une forme, cette imagination etant elle soumit au monde qui nous entours ce qu'on veut nous faire entendre etc. Je pense donc moi qu'on est déjà avant d'etre prisonnié du monde nous sommes prisonnié de notre corps et plus precisement d'un travail de deux parties l'esprit et le corps, l'un ne marchant pas sans l'autre et vis versa. apres beaucoup d'evenement reel ressemble au myhte de la caverne: quand copernic( il me semble que c'est lui a me confirmer) a dit que la terre etait ronde alors que tout le monde avait vecu dans l'idée qu'elle etait plate, il etait traité de fou. quels seraient les moyens pour sortir de cette "prison" ?
RépondreSupprimerToutes ces réactions sont très riches et je vais essayer de répondre à chacun des éléments qui m'a interpelé.
RépondreSupprimerNeïké, pour la citation nietzschéenne rien à dire, elle me parait très à propos. Pour l'autre, la manière de faire, je peux la trouver à la fois sage et gênante. Sage car elle permet la vie personnelle harmonieuse, gênante car elle conduit à nos isolements, irrémédiablement. Faisons la liste de tous les progrès que l'humanité a connu dans son histoire et nous observerons que jamais ils n'ont été demandés (c'est le fondement novateur de leur apparition qui les définit). Faisons la liste de chacune de nos progressions individuelles dans nos vies respectives et nous nous rendrons compte que jamais nous ne les avons voulues, cherchées. Le conseil, l'incitation, l'encouragement, la suggestion sont différents de l'injonction à être. Cet individu revenu du dehors de la caverne pour convaincre ses anciens compagnons (dans un intérêt altruiste il me semble, parce qu'il a compris que c'était plus intéressant pour lui de voir ce qu'il se passait dehors et que ce pouvait sans doute l'être aussi pour eux) aurait eu selon moi tort d'apporter un jugement moral : "vous êtes des idiots de rester enfermés ici, c'est moi qui aie raison, vous ne comprenez rien si vous ne me comprenez pas". Par contre je trouve son attitude remarquable s'il revient pour leur proposer une nouvelle voie de bonheur possible, qui leur sera profitable à eux autant que ça le sera à lui de pouvoir vivre cet accès à la vérité avec eux. Si l'on se passe de ça, je pense que le lien humain disparait.
Pauline, l'idée du texte concernant les gouvernants est sans doute trop éloigné de l'idée qu'avait Platon dans cette allégorie. Je pense qu'il évoquait plutôt les chaînes que l'on garde nous-mêmes volontiers, qu'il parait plutôt de cette caverne comme un lieu où nous nous plaisons à rester, sans que personne ne nous y oblige. Les dirigeants (politiques ou puissants économiques) jouent de ça par la suite et d'après moi ne font pas ce qu'ils pourraient faire qui consisterait à suggérer des voies alternatives possibles comme celles qu'ils ont empruntées par exemple. Et tout se trouve dans tes définitions de "vérité" et de "réalité". Ce qui existe ce sont des impressions que l'on a du monde auquel nous appartenons, des sensations forcément subjectives. Par rapport à celles-ci nous pouvons accepter qu'il nous en soit de nouvelles versions, plus adaptées aux anciennes ou bien nous y accrocher désespérément et refuser de voir autre chose. Plutôt qu'un vide, je préfèrerais donc y voir une infinité de possibles, ce qui a quand même de quoi donner le vertige mais qui donne tout de même plus d'entrain à l’affronter.
Erik, pour poursuivre sur ta réponse ça va complètement rentrer dans la continuité de tout ça. Je vois le corps comme une formidable machine à transmettre des informations par l'intermédiaire de sensations. Ces informations sont centrées sur ce corps qui ne peut donc forcément voir qu'une partie du monde, et à sa façon, selon son histoire, son vécu. Si l'on croit pouvoir observer tout l'univers et le connaitre dans sa totalité, la perception du corps est effectivement moins ambitieuse. Mais je la préfère car elle est simplement réaliste alors que l'autre idée est liée à notre volonté d'incarner une sorte de Dieu sachant tout. A partir du corps donc, il y a deux chemins. Soit l'on reste centré sur sa position, on ne fait confiance qu'à lui, qu'à notre pensée qui en découle soit l'on accepte de s'ouvrir aux autres pour conquérir une vérité partagée. Celle-ci ne sera jamais absolue, mais elle permettra un mouvement, un travail, un échange collectif qui créera à coup sûr un bonheur et un bien-être (contradictoirement plus selon moi qu'avec l'idée d'être bien soi même). La folie du peuple du Moyen-âge est sans doute moins dans le fait d'avoir cru que la Terre était plate que dans le fait de s'accrocher à cette idée quand quelqu'un d'autre tentait de leur expliquer autre chose (c'est Galilée).
RépondreSupprimerEn conclusion, je pense qu'une piste intéressante pour sortir de notre "prison" pourrait être d'écouter ceux qui en sont à l'extérieur, et qui sont sans doute dans une autre "prison". L'espace intermédiaire ainsi créé semble plus libre. C'est en définitive l'ouverture au monde, le fait d'envisager de nouvelles possibilités, l'idée de se faire violence pour sortir de notre confort qui me parait être la voie intéressante. Non pas que cela nous rendra possesseur de la vérité ultime et totalement libre, mais ça nous conduira sur le chemin de la libération et de l'accès à un plus de vérité dans un échange jouissif avec le monde.
Je sais pas si vous avez vu a la télé (non pour neike il en a pas !!) les ingenieur chinois, on inventé des lunette qui permettent de grossir diminuer, et ou, changer l'aspect d'un aliment. En gros tu prends un petit aliment, tu le grossis, et l'Homme a l'impression d'avoir manger un gros truc et de plus avoir faim, ou pire encore, tu prends un gateaux nature banal, tu lui mets des pepites de chocolats, l'Homme a l'impression que le gateau a un gout de chocolat. c'est effrayant, ça en revient a ce que je disais c'est possible que la relation corps et esprit nous prennent a contre pieds des fois...les daltoniens, ça se trouve etant donné qu'ils ne voient pas les memes couleurs que nous, non pas les memes gouts que nous, la vue n'etant pas la meme chez tout le monde, personnes n'auraient les memes gouts. en tout cas cette experience nous fait prendre conscience qu'on ne maitrise meme pas notre esprit...il depend de notre corps et en loccurence de nos sens. nous sommes des robots désolé de vous l'apprendre... on a aucune maitrise de nous.
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