C'est en discutant, suite au visionnage d'un film, sur la condamnation à mort que je me suis rendue compte que l'abolition de la peine de mort ne faisait pas l'unanimité...
Ma position là dessus est claire : je suis contre la peine de mort.
Les raisons qui me poussent à penser qu'aujourd'hui aucun homme ne devrait être tué légalement sont simples.
Le caractère fataliste qu'engendre une condamnation à mort, fait flirter la justice avec la vengeance et non avec la condamnation. En ce sens que la vengeance n'est autre que la jouissance absolue de ce qui met en danger la société. Laisser parler sa soif de vengeance nous ramène aux nos plus bas instincts. Tuer est notre plus bas instinct.
La justice qui représente à la fois la valeur morale et la valeur juridique se voit elle même faire preuve d'injustice quant aux poids que doit peser "le bien et le mal" dans une décision, et qui, en condamnation à mort ne pèse rien.
La Justice n'est pas n'importe quel concept, la Justice permet, elle et elle seule d'être au dessus du pouvoir. Elle n'obéit pas (en théorie) aux lois du marché, aux tout puissants. La Justice c'est cette distorsion entre la morale et le droit. C'est cette opposition fondamentale qui permet d'être juste. En tolérant la peine de mort, cela signifie que la morale (notion qui définit les notions de bien et de mal) est totalement exclu de la notion de justice.
Qu'est ce qu'une justice sans concept de moral?
Par ailleurs, tolérer la condamnation à mort c'est donner à des hommes sans aucune légitimité (morale) mais entièrement légalisé (droit) la puissance de la vérité.
Au nom de quoi des hommes peuvent-ils avoir le droit de déclarer qu'un pair vive ou meurt.
S'il se trompe ? Lui aussi doit-il être condamné à mort?
Et cette société n'a-t-elle pas mener ces coupables et ces condamnés à passer à l'acte? N'est-elle pas elle responsable? On ne nait pas violent, ou violeur... Alors qui est le plus meurtrier des coupables? Le bourreau ou celui qui mis une corde entre les mains du bourreau et la pousser à bout?
9 commentaires:
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Vaste sujet de rentrée que tu as très bien introduit Pauline.
RépondreSupprimerEffectivement, c'est une qestion difficile, d'où le fait qu'il n'y ai pas de consensus.
Je vais don tenter d'apporter, si je puis dire, un peu de mon eau au moulin de la réflexion.
"Le caractère fataliste qu'engendre une condamnation à mort, fait flirter la justice avec la vengeance et non avec la condamnation."
Il est vrai qu'une fois le condamné à mort exécuté, on ne peut plus revenir en arrière. Cette sanction nie donc toute possibilité de changement et de perfectibilité à l'être humain, partant de l'idée qu'il ne faut pas prendre le risque de voir le coupable récidiver.
La société ne cherche donc pas à punir, encore moins à éduquer ou à faire prendre conscience au condamné de l'ampleur de son crime, mais simplement à s'en débarraser.
En ce sens, la peine de mort s'apparente effectivement à une vengeance.
Néanmoins, la Justice n'est-elle pas une forme de vengeance institutionnalisée? La raison d'être de la Justice est, à mon sens, double: éviter que chacun se fasse justice lui-même et que les lois soient les mêmes pour tous. Elle fait donc opposition à la fameuse loi du Talion "oeil pour oeil, dent pour dent".
Cependant, on pourrait tout à fait assimiler les décisions de justice à une vengeance (untel m'a causé un tort, je l'assigne en justice, cette dernière le condamne et par là-même, me venge). Ce serait alors une forme de vengeance par procuration.
"Laisser parler sa soif de vengeance nous ramène à nos plus bas instincts. Tuer est notre plus bas instinct."
Si d'un point de vue moral (je parle bien entendu de notre morale judéo-chrétienne, peut-être en va-t-til tout autrement dans d'autres cultures?), la vengeance est condamnable, elle a un caractère "humain, trop humain".
Pourtant, tuer serait, selon la biologie évolutionniste, un réflexe de survie hérité de nos ancêtres pour échapper à un danger. On pourrait donc dire que, dans ce cas, quoi de plus naturel que de se défendre en cas d'agression? Tu soulèves donc ici un point très intéressant. La Justice doit-elle être morale? Cette dernière a-t-elle sa place dans un tribunal? Et qu'est-ce qui est moral ou pas? Et qui définit la morale? Sur quels critères? Ces derniers sont-ils immuables ou changeants au grès des lieux et des époques? Tuer est-il donc un "bas instinct" ou bien est-ce "dans l'ordre naturel des choses"?
"La Justice n'est pas n'importe quel concept, la Justice permet, elle et elle seule d'être au dessus du pouvoir. Elle n'obéit pas (en théorie) aux lois du marché, aux tout puissants."
Si la Justice est aveugle, elle n'est pas insensible à l'argent (fin de la parenthèse).
"Au nom de quoi des hommes peuvent-ils avoir le droit de déclarer qu'un pair vive ou meurt.
S'il se trompe ? Lui aussi doit-il être condamné à mort?"
Pour information, à l'époque des Doges, dans la petite république de Venise,il existait ce que l'on appelait "la bouche de la vérité". Il sagissait ni plus ni moins d'une boîte aux lettres dans laquelle n'importe qui pouvait y glisser une dénonciation signée (l'anonymat rendait d'office l'accusation nulle). Une enquête était alors menée et si la dénonciation s'avérait justifiée, le coupable était exécuté et le délateur était récompensé d'avoir préservé le pouvoir de la Sérenissime. En revanche, si l'enquête révélait qu'il avait mentis (peut-être avait-il agis par esprit de vengeance?), c'était lui qui était condamné à mort.
Un exemple historique à méditer, donc.
Sujet essentiel, à la base des fondations de nos sociétés il me semble et très bien ouvert par ton texte Pauline, et également par ton commentaire Neïké.
RépondreSupprimerPour réagir sur ce qui m'intéresse particulièrement, je ne prendrai en compte que le cas où nous avons la certitude qu'un individu a commis un acte des plus terribles, le meurtre, par préméditation (encore que cette notion soit à définir plus précisément). Je laisse donc de côté les possibilités d'erreurs judiciaires qui, à coup sûr, affaiblissent la légitimité de la peine de mort.
Sur l'idée de vengeance tout d'abord. Je ne crois pas que la justice soit une forme institutionnalisée de celle-ci. Nous parlons d'objectivité de la justice, de neutralité, de conclusions qui s'appuient sur des faits, sur des preuves, sur des textes de loi. Il me semble qu'elle est justement construite de telle manière que la vengeance et tout autre sentiment ou pulsion soient exclus de son processus. La société entière pourrait être contre un Homme et vouloir sa mort, la Justice, en s'appuyant sur les règles qui la fondent serait tout à fait en capacité de l'innocenter. Elle empêche ainsi, logiquement en dehors de tout intérêt lié à un pouvoir en place, de punir sur des seules réactions émotionnelles, à chaud. Pour quoi se donne-t-elle cet objectif? Selon moi elle incarne la matrice même des sociétés modernes et démocratiques devant laisser aujourd'hui, en principe, la place aux citoyens de faire le monde de demain, dans un certain cadre qui permettra à tous d'avoir accès à cette possibilité. Je te rejoins donc Neïké sur ce point, la Justice n'a aucunement à être "morale". Car, nous l'avons vu tout au long de l'Histoire, Une "morale" a toujours été imposée par ceux qui étaient au pouvoir (religieux, monarques, dictateurs, ...), empêchant alors d'autres de la faire évoluer, de l'améliorer, de l'adapter aux évolutions. Et même si nous ne sommes pas encore sortis de cette difficulté, la place existe davantage pour faire avancer les mœurs, les idées, de nos sociétés, pour les moderniser.
Et l'abolition de la peine de mort (pour en revenir au sujet) a été permise grâce à ce cadre flexible, et basé sur la légifération. Sachant prendre la source de son droit dans la société même, dans l'expression de ses citoyens (pensons au texte de Victor Hugo, "le dernier jour d'un condamné" qui a donné un grand coup de fouet au débat public). Au lieu de voir la Justice comme une composante inévitable d'une société qui fonctionne, sans doute vaut-il mieux la voir plutôt comme fondamentalement constitutive de celle-ci. La Justice ne serait pas là seulement pour exercer "le monopole de la violence légitime", pour punir à la place de celui qui aurait eu envie de punir, pour jouer le rôle de cet intermédiaire qui effectue la tâche qui salit, pour être bourreau. Et je pense donc ici comme Pauline, que la Justice "élève". Elle permet de sortir des règles en cours dans la nature. Ce n'est pas parce qu'il y a société qu'il doit y avoir Justice pour punir, c'est parce qu'il y a eu Justice pour punir qu'il y a société.
Sur cette idée, le premier commandement de n'importe quelle société est celui-ci : "tu ne tueras point". Peu importe qu'il soit ensuite bien respecté ou trop peu, la règle première est celle-là, car pour qu'un groupe d'individus se forme et perdure, il faut des liens durables entre eux, une confiance dans ceux-ci qui permettent d'assurer qu'il sera plus bénéfique de faire parti de ce groupe que de vivre seul. La seule question alors à se poser pour la Justice c'est comment faire appliquer cette règle?
(suite au prochain épisode)
Plusieurs étapes balisent mon argumentation :
Supprimer- Pourquoi de nombreuses sociétés ont institutionnalisé la peine de mort, et le font encore ?
Trois axes clairs : l’un cherchant à décourager les autres individus de commettre les crimes qui occasionneraient cette peine de mort, l’autre visant à se débarrasser des individus dangereux pour la collectivité, et enfin le dernier permettant de faire payer la dette à l’individu qui a causé un trouble à la société pour rééquilibrer les choses.
- Quels ont été les arguments de l’abolition de la peine de mort dans les différentes sociétés qui l’ont statuée ?
Sur le premier argument, les données statistiques sont assez explicites, il n’y a pas moins de meurtres dans les pays où la peine de mort existe que dans les autres (les comparaisons entre les différents Etats des Etats-Unis ayant statués des positions distinctes sur ce sujet le montrent bien). En effet, le meurtrier passant à l’acte n’aurait que peu de préoccupation pour les conséquences juridiques à son égard sur le moment, il serait absorbé par l’instant sans prêter attention aux effets à termes de ce qu’il fait ou va faire. Pour ceux qui en doutent, cela laisse tout de même peu de chance de penser que le meurtrier commettra plus facilement son crime s’il ne pense risquer « que » la prison à perpétuité plutôt que s’il risquait la peine de mort (la deuxième peine pourrait d’ailleurs, pour certains, être préférable que la première …).
Sur le deuxième argument, il semble déjà plus pertinent, à première vue. Un criminel ayant tué un autre Homme peut assez facilement être vu comme un danger potentiel à l’avenir dans le sens où il pourrait être plus « apte » à reproduire son acte que quelqu’un qui n’a jamais tué. Cependant la prison à perpétuité aurait un effet similaire, bien que « coûtant » quelque chose pour maintenir le criminel en vie (construction de prison, entretien des cellules, alimentation, surveillance, …), « doit-on se donner ce mal ? » pourraient se demander les défenseurs de la peine de mort.
Enfin sur le dernier point, peut-être le plus décisif, l’analyse spontanée nous pousserait aisément à nous dire que la seule façon d’équilibrer la mort d’une personne est de causer la mort de celle qui l’a occasionnée, cette dernière question reste la moins tranchée il me semble.
- Qu’est ce qui permet à certains, au sein des sociétés qui ont aboli la peine de mort, de vouloir son retour ? Quelles sont les contradictions de ces postures ?
SupprimerToujours selon ces trois idées. La première n’étant pas vraiment défendable comme nous l’avons vu, elle reste cependant une forte croyance pour les partisans d’une justice forte et répressive. Les punitions doivent être aussi dure, voire davantage, que les actes commis pour dissuader. Cela peut-être vrai à très court termes, dans un contexte donné, mais cette vérité : « la violence n’engendre que la violence » peut être reprise ici en intercalant la sanction : « la violence n’engendre que la sanction, qui n’engendre que la violence ». Pour une rédemption, le fautif doit avoir compris qu’il a mal agi pour changer, il doit également avoir à disposition une voie de sortie, d’autres possibles, une seconde chance. L’idée est dure à faire passer dans le cas d’un meurtre …
Ensuite, mais c’est lié, c’est autour de la peur que s’érige l’argumentaire de la peine de mort. Ceux qui brandissent la première idée sont bien souvent ceux qui dirigent et qui visent une société de l’ordre. Et ils s’appuient, en la développant, sur la peur des individus d’un désordre duquel pourraient émerger des crimes. Ce désordre serait créé par des individus instables, pleins de vices, mauvais en fond, capables de tuer. Pour rétablir l’ordre, il n’y aurait qu’à identifier ces personnes (le crime qu’elles vont « forcément commettre » le permet) et à les mettre hors d’état de nuit, le plus simplement en les tuant. La grande difficulté dans cette lecture c’est qu’elle isole totalement la construction des individus du contexte dans lequel elle se produit. Un meurtrier le serait en soi, dès le départ, non pas parce que la société l’aurait poussé dans cette voie. Ces gens porteraient à eux-seuls tous les maux de nos collectivités et seraient même seuls à les avoir fait surgir. Comment ne pas se dire qu’un contexte de violence, de misère, de difficultés en règle générale ne va pas pousser les individus à reproduire tout cela ? Il est finalement assez difficile de croire qu’un être humain peut porter en lui dès sa naissance, même presque en l’ayant souhaité, le mal qu’il va chercher à diffuser tout autour de lui. Ne pouvons-nous pas nous demander si un meurtrier, multirécidiviste, cherchant à faire souffrir ses victimes, aurait pu avoir un autre comportement s’il avait vécu dans un contexte différent ? Le mal n’existe-t-il donc pas plutôt dans les processus d’élaboration de la société, se transmettant ainsi à l’individu évoluant dans les milieux où il s’exprime le plus ? Tuer un de ces individus tue-t-il le mal qui n’a fait que s’imprégner en lui ?
Sur la dette d’une mort enfin, à rééquilibrer. Partant de la conclusion précédente que la société est, en partie ou plus, responsable du comportement déviant d’un de ses citoyens ; en décidant de le tuer pour combler le déséquilibre qu’il a causé en tuant un autre individu, elle ne rééquilibre pas totalement l’équation. En effet, elle ne s’acquitte pas, elle, de sa responsabilité dans cette affaire ! Elle fait d’ailleurs preuve d’un déni formidable en omettant purement et simplement son rôle dans la causalité du meurtre qui a été commis. Pire, elle s’empêche de comprendre le rôle qu’elle y a joué. Elle ne se donne pas les moyens de saisir la façon dont elle génère, en partie ou plus, la criminalité qui s’exprime en son sein. Elle réagit donc même de manière à faire en sorte que d’autres crimes, d’autres meurtres soient commis.
Suivons la logique jusqu’au bout : La peine de mort, alors qu’elle cherche à éradiquer les meurtres (ce serait vrai dans l’ensemble vis-à-vis de toute logique répressive face aux crimes), empêcherait la société de reconnaître sa responsabilité dans la réalisation de ceux-ci, de comprendre pourquoi il y a meurtre et donc ainsi d’agir efficacement pour qu’il n’y en ait plus.
Combien de condamné à la de peines de morts ont étaient exécutées qui par la suite on pu démontrer que l'individu était innocent (Christian Ranucci, notamment)?
RépondreSupprimerPour ma part, la condamnation peut permettre a certaines personnes de réfléchir sur leur acte et de ce faite ne pas les renouveler.
Le cycle de la vie n'est pas de tuer un individu pour ensuite condamné le meurtrier à la peine de mort mais plus de lui faire comprendre (a ceux qui veulent bien l'entendre) la peine de la famille et essayer de comprendre son acte !
Biensur en rien la justice ou bien les meurtriers on raison, simplement les êtres humains font des erreurs et des condamnés à mort à tort, il y en a eu et dans les Etats où la peine de mort est encore aboli, il y en aura !!
NON ABOLI MAIS APPLIQUER ESCUSEZ MOI
RépondreSupprimerEt ça existe la peine de mort pour trop grand nombre de fautes d'orthographe? (ok je sors...) :D
RépondreSupprimerJe suis assez d'accord avec toi Claudia, quand tu dis "le cycle de la vie n'est pas de tuer..."
RépondreSupprimerEn philo, il est dit que l'humanité de tout temps et de toutes civilisations cherchait à faire perdurer son espèce. C'est d'ailleurs pour ça quand dans la majorité des peuples et sociétés, l'inceste, le cannibalisme et tuer son prochain sont interdits universellement.
C'est ça finalement la morale, c'est ce qui, dans l'absolue, fait l'unanimité (entre ce qui est bien ou mal par exemple). La morale ne prend pas en compte la réalité ou les faits.
S'il elle la prenait en compte, la morale ne serait pas morale, elle serait éthique. L'éthique considère la complexité de la réalité et sort ainsi de cet impératif catégorique "tu ne tueras point". Car selon une certaine éthique, il devient légitime de tuer, je pense aux guerres, et bien sûr à la peine de mort.
Ainsi, je suis du partie de Damien qui ouvre sur la responsabilité sociétale. Au delà de l'erreur de jugement qui engendrerait une condamnation à mort à tord, il me semble quelque part que le plus dangereux c'est de laissé la Justice, indépendante, croire à la société qu'elle n'y est pour rien.
La question merite d'etre posee mais si l'on touchait a un de nos enfants ne serions nous pas capable nous même de condamner a mort la personne en question ? Personnellement je voudrais le mettre a mort. Bien que je ne soit pas pour la peine de mort. En tout cas le debat merite l'intérêt.
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