Discussion autour de l'obsolescence programmée : Vendredi 23 mars à 21h30, à la coloc de Moissy

Au cours de ce riche débat, où 6 personnes se sont réunies pour traiter du sujet de 21h30 à 1h environ, l'idée était d'en ressortir avec une production.

Voici donc le plan qui a animé la discussion:        


 Introduction.

Tour de table sur la compréhension de la notion (mots clés qui s’y rapportent) et définition première partagée. Définition plus « officielle » : regroupe l’ensemble des techniques visant à réduire la durée de vie ou d’utilisation d’un produit afin d’en augmenter le taux de remplacement.
Quels enjeux s’en dégagent à première vue ? Quelles répercutions sur l’individu ? (proposition de mots clés ou de brèves idées par chacun.
II.                  Les mécanismes à l’échelle globale de l’obsolescence programmée, les fondements de son macro fonctionnement.
Dans quel modèle économique peut-elle se développer ? Quelles intentions y sont nécessaires ? Dans quelle proportion est-elle constituée de manipulation, et de libre adhésion/consentement ?
III.                Les contradictions internes au processus, les contradictions autres dont elle a besoin pour fonctionner.
Formalise-t-elle un système économique viable ? Quel rôle du consommateur dans tout cela, et du politique ? Ce mode de fonctionnement pourrait-il perdurer spontanément, « naturellement » ? Si non, quels artifices le font survivre ?
IV.                Positionnement.
Doit-on penser l’économie dans l’intérêt de l’individu ou dans celui de la prospérité collective ? Et les questions écologiques, sont-elles un paramètre en plus à prendre en compte ou bien rentrent-elles directement dans ce questionnement ? Ces positionnements sont-ils servis dans cette logique d’obsolescence programmée ? Y aurait-il un meilleur modèle envisageable ? Celui-ci est-il ajustable ? Comment en sortir si c’est la voie privilégiée ?

Des idées d'actions concrètes qui pourraient être menées (ceux qui souhaitent les mettre en œuvre sont les bienvenus):

 Échange de savoirs et de biens (trocante) / expo photos de vieilleries qui servent encore / collecte de vieilles choses devenues obsolètes et tentative de leur retrouver une utilité

Ainsi que la rédaction d'un article (par Damien):

Le plaisir d’y adhérer, la difficulté d’en sortir

La société de consommation, c’est en premier lieu l’illusion offerte à chacun d’être au centre de quelque chose. Ce précepte “le client est roi”, qui fait quasiment office de règle de droit dans la constitution du monde marchand, illustre à merveille cette dynamique. Nous devrions ici le reformuler afin qu’il exprime un peu plus clairement ce qu’il souhaite véritablement dire : ce qu’il faut c’est que “le client ait le sentiment qu’il est le roi”. Tout est alors organisé dans cette logique ; de l’approche directe en boutique qui se doit d’être soignée, avec un service après-vente, des garanties, du “satisfait ou remboursé”, … jusqu’aux discours publicitaires qui, toujours, mettent le consommateur au rang de divinité, à servir, parfois directement au travers de slogan (“Parce que je le vaux bien” s’il ne fallait en citer qu’un) et le reste du temps dans une démonstration mettant en avant tous les arguments qui rendraient impossible un autre choix pour toute personne lucide d’esprit que nous sommes tous censés représenter. Tout est mis en oeuvre pour que nos moindres besoins trouvent une réponse dans un panel d’offres commerciales qui est là pour nous satisfaire. S’il n’y a pas de demande, il suffit de créer le besoin. La multiplication des propositions laisse penser à la liberté de choix, nous nous sentons puissant quand nous pouvons faire jouer la concurrence et oublions peut-être que celle-ci ne s’opère qu’entre ceux qui sont déjà ravis de nous voir déjà acquis à leur cause.

Parallèlement à cela, l’empreinte de cette forme d’économie sur notre société actuelle crée une sorte de modèle sociologique de l’individu qui a réussi profondément attachée à la capacité de consommation qu’il aura su développer. Celui qui peut acheter, c’est celui qui est en haut. Et l’on peut facilement aboutir à un raisonnement d’une logique douteuse qui serait là pour façonner nos comportements : pour être en haut il faut acheter ! Les individus que nous sommes peuvent donc y voir une liberté de choix très variée quand il s’agit plutôt clairement d’un conditionnement à consommer. Il nous est proposé un nombre de possibilités inquantifiable, dans un domaine très restreint. C’est comme si l’on nous plaçait dans une bibliothèque gigantesque mais qui ne comporterait que des livres traitant d’un seul sujet, la multiplicité de lectures possibles nous empêchant alors de voir qu’il y a un monde en dehors de ce lieu. Dès lors, ceux qui fixent les règles de parution des ouvrages dans cette bibliothèque sont au pouvoir, l’obsolescence programmée étant une d’entre elles.

Deux nouveaux questionnements peuvent permettre d’ouvrir la voie à une autre attitude : la raison pour laquelle je consomme me permet-elle véritablement de progresser dans ma quête d’épanouissement ? Si ce n’est pas vraiment le cas, que puis-je envisager d'autre, à quel autre modèle puis-je souscrire? Que se trouve en dehors du fantasmagorique monde des centres commerciaux ?


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Proposition de départ de Damien :





Après quelques réactions sur ce documentaire "prêt à jeter" que je vous avais fais partager, il semblait intéressant de prévoir un temps pour en discuter collectivement. Pour rappel, il a été diffusé sur ARTE et traite de la logique de gaspillage de notre économie actuelle. Celle-ci étant construite, entre autre, sur la nécessité d'une durée de vie limitée des produits de consommation afin qu'ils soient renouvelés par les gourmands acheteurs que nous sommes. 
Ça parait compliqué de revoir la totalité du film durant cette soirée, quelques passages pourront être visionnés pour guider l'échange mais si vous souhaitez le voir dans sa totalité, il est disponible ici :

Lien du documentaire

Cette première date pourrait marquer les prémices d'une longue série qui s'inscrirait dans le cadre de cycles de réflexion à mettre en parallèle avec le principe d'éducation populaire (plus de détails sur wikipédia). Pour reprendre les grandes lignes, l'éducation populaire c'est :
Un courant d'idées qui milite pour le développement de chaque personne (individuel) et communautaire (développement social) dans un quartier, une ville ou un groupe d'appartenance, religion, origine géographique, lieu d'habitation, etc. afin de permettre à chacun de s'épanouir et de trouver sa place dans la société.
- C'est une éducation qui reconnaît à chacun la volonté et la capacité de progresser et de se développer, à tous les âges de la vie. Elle ne se limite pas à la diffusion de la culture académique, elle reconnaît aussi la culture dite populaire
- Cette éducation est perçue comme l'occasion de développer ses capacités à vivre ensemble : confronter ses idées, partager une vie de groupe, s'exprimer en public, écouter, etc. 

Je vous fais une proposition de 9 cycles, totalement évolutive si d'autres suggestions viennent l'abonder. Ils tourneraient autour de cette logique du lien qu'entretient l'individu avec les ensembles auxquels il appartient et qui souvent le dépassent. L'enjeu serait alors de comprendre ce qui nous agit pour parvenir à exister de manière épanouissante face à ces mécanismes, et même en accord et avec la force de ces mécanismes.

- L'individu au cœur de l'économie
- L'individu dans la nature
- L'individu dans l'histoire
- L'individu dans la ville
- L'individu en société
- L'individu et la/le politique
- L'individu et l'art/la culture
- L'individu et les autres individus
- L'individu face à lui-même

Il ne peut y avoir d'ordre dans l'étude de ces thèmes, car on voit bien qu'ils peuvent facilement se croiser. Mais il me semble qu'ils dessinent tout de même un panorama assez large de la question. Ce début serait donc l'occasion de réfléchir au lien que nous avons avec la nature, et à notre place dans l'économie d'aujourd'hui.

5 commentaires:

  1. Je serai bien entendu présent ce soir là, et tenterai d'animer les échanges (sauf si quelqu'un de plus spécialiste souhaite le faire).

    Je proposerai quelques clés d'entrée et de passage à mettre en lien avec les deux axes traités : "l'individu dans la nature" et "l'individu au cœur de l'économie", même si un raccrochage pourra être aisément fait sur "l'individu et le politique".

    - Notre rapport à la consommation (pulsion, modèle économique sous-jacent, contradictions)

    - La logique du capital (posture de ceux qui le produisent, la construction d'évidences du système)

    - La rupture avec le rythme, le fonctionnement de la nature

    - Les pistes pour évoluer (instauration de nouvelles normes? révolution sur les façons de faire de penser? quel rôle peut jouer le politique ici, et quel politique?)

    N'hésitez pas à ajouter dès maintenant des points que vous souhaiteriez traiter.

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  2. As-tu pensé à inclure dans l'un des points que tu viens de proposer, quelques-chose comme : la manipulation de l'industrie mondiale sur la consommation (forcée ?) de l'individu ?

    Maxime

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  3. Non et ça me parait bien, j'ajoute ce questionnement supplémentaire là.

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  4. Et sur le glissement des valeurs de la qualité vers la quantité (PAC, consommation à outrance, pression du "tout, tout de suite"...)?

    Neïké

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  5. Le débat a été vraiment dense et très coopératif. L'idée d'en faire ressortir quelque chose a été actée.

    Aussi, une production écrite ainsi qu'une action concrète mise en place devraient être proposées prochainement.

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