L'opéra (par Neïké)


 Avant-propos

Cette “soirée lyrique” a été pensée comme une mise en bouche afin de vous faire (re)découvrir et éventuellement vous (re)donner envie d’écouter des opéras. En effet, vous ne verrez pas ce soir des opéras à proprement parler, mais seulement des extraits dans lesquels interviennent uniquement les chœurs (et non des solistes comme Maria Callas ou Luciano Pavarotti). Toutefois, le plus important reste le plaisir des oreilles, alors régalez-vous. Il est certains que vous reconnaitrez certains airs célébrissimes, même si vous en ignorez le titre et/ ou le compositeur. Puisse ce moment musical vous ouvrir de nouvelles perspectives et, peut-être, vous mener à l’opéra. Bonne lecture et bon spectacle.


Qu’est-ce que l’opéra ?

De manière simple, l’opéra peut se définir comme une pièce de théâtre chantée. L’opéra est issu de la Renaissance italienne, et plus particulièrement de la cité de Florence à la fin du XVIème siècle. A cette époque, soucieux de promouvoir la tragédie grecque, un groupe d’artistes, de musiciens et de poètes se rassemblèrent en une « Camerata ». Leur véritable innovation fut de proposer une opera in musica – « une œuvre en musique »-, l’opéra était né. Si au fil du temps, la musique a évolué, la nature de l’opéra n’a pas changé : des chanteurs costumés racontent une histoire sur une scène de théâtre, accompagnés par un orchestre.


Les compositeurs/ Les œuvres

« Opéra allemand »

Wolfgang Amadeus MOZART (né le 27 janvier 1756 à Salzbourg (Autriche), mort le 5 décembre 1791 à Vienne (Autriche))

Son talent précoce fut immédiatement reconnu par son père, Leopold, musicien respecté de Salzbourg, qui aida même le jeune garçon dans ses premières compositions. Mais c’est comme interprète que Mozart étonna d’abord. Il n’avait que 5 ans lorsque, accompagné de sa sœur Maria Anna, il joua du clavecin devant la cour de Bavière, à Munich. C’est ce même prodige qui, à 8 ans, accomplit une tournée de trois ans dans les plus grandes villes d’Europe. L’opéra ayant depuis longtemps franchi les frontières de l’Italie, le jeune Mozart fut bientôt attiré par ce genre. En 1767, alors seulement âgé de 11 ans, il écrivit son premier opéra. Avant l’âge de 13 ans, il avait déjà écrit des opéras dans trois langues et trois styles différents.
En 1782, il épousa la jeune Constance Weber, dont il avait autrefois courtisé la sœur. Elle était souvent malade et Mozart croulait sous les dettes. L’emploi de compositeur de la cour qu’il convoitait, était occupé par Antonio Salieri.
En 1791, la dernière année de sa vie, Mozart donna un quatrième joyau à l’opéra (avec Le Nozze di Figaro, Don Giovanni et Così fan tutte), Die Zauberflöte (la Flûte enchantée). Mais neuf semaines après la première, il fut pris de fièvre. Il mourut le 5 décembre 1791, sept semaines avant son 36ème anniversaire.

La Flûte enchantée est une œuvre à la gloire de la vertu, de l’amour et de la sagesse.
Wagner considérait la Flûte enchantée comme la pierre de touche de l’opéra allemand, la décrivant comme « un chef-d’œuvre d’une perfection presque inégalable, qui exclut quasiment tout développement du genre ».

Opéra italien

Giuseppe VERDI (né le 10 octobre 1813, aux Roncole, près de Busseto (Italie), mort le 27 janvier 1901 à Milan)

Giuseppe Verdi est le compositeur le plus célèbre et le plus joué de toute l’histoire de l’opéra. Il avait un talent naturel pour les mélodies obsédantes et une capacité unique à créer des personnages inoubliables incarnant les thèmes universels de l’amour, de l’honneur, du pouvoir, de la cupidité, de la trahison et de la mort.
Bien qu’ayant subit la mort de ses deux enfants en bas-âge, puis de celle de sa jeune épouse peu de temps après, Verdi trouva la force de composer de nombreux opéras qui le portèrent au pinacle. Agé de 80 ans à la création de Falstaff, son dernier opéra, Verdi passa ses dernières années révéré comme un dieu vivant. Après sa mort, le 27 janvier 1901, les 20.000 adorateurs qui se pressaient le long du cortège funèbre dans les rues de Milan entonnèrent spontanément le « Va, pensiero » de Nabucco, un de ses opéras-phare.

Nabucco valut a Verdi une gloire instantanée. Non sans audace, il s’inspire de l’épisode biblique de la captivité des juifs à Babylone dans une imposante distribution de solistes et de choristes. Son air le plus mémorable « Va, pensiero » est un chœur chanté pratiquement à l’unisson. Les italiens adoptèrent le chœur des esclaves hébreux, comme une allégorie de leur propre lutte d’indépendance contre l’occupant autrichien.
Il Trovatore (le Trouvère) connut un immense succès populaire. Bien que de forme classique, il forme, avec Rigoletto et La Traviata, la grande trilogie verdienne des années de maturité.
Aïda, l’œuvre la plus spectaculaire de Verdi, est un opéra exotique aux racines authentiquement égyptiennes. L’opéra du Caire avait été inauguré avec Rigoletto, en novembre 1869, mais l’archéologue Auguste Mariette persuada le gouverneur turc d’Egypte de commander à Verdi un « opéra égyptien ». Mariette inventa alors l’histoire qui allait servir d’argument à Aïda. Cet opéra connu un succès immédiat. En une dizaine d’années, il fut représenté dans 155 Opéras à travers le monde.

Giacomo PUCCINI (né le 22 décembre 1858 à Lucques (Italie), mort le 11 novembre 1924 à Bruxelles (Belgique))

S’il n’a écrit que 10 opéras en 40 ans de carrière, Puccini a signé certains des opéras les plus populaires jamais composés, notamment La Bohème, Tosca, Madame Butterfly et Turandot. Né dans une famille de musiciens toscans, Puccini apprit les rudiments de la musique avec son père et son oncle. C’est une représentation d’Aïda de Verdi à Pise, en 1876, qui le convertit à l’opéra. Des années plus tard, il expliqua : « Dieu m’a touché du doigt et m’a dit : « Ecris pour l’opéra, seulement pour l’opéra » ».

Madame Butterfly reflète l’engouement de l’époque pour le Japon. Puccini étudia les chansons populaires et les coutumes japonaises. Mais s’il emprunte certains motifs et imite certaines mélodies traditionnelles, sa musique reste italienne.

Tosca n’est pas à proprement parler une création de Puccini. A l’origine, il s’agit d’une pièce de Victorien Sardou, créée le 24 novembre 1887 au Théâtre de la Porte Saint-Martin, Sarah Bernhardt y interprétant le rôle-titre. Lors d’une tournée à Milan, Puccini, bien que ne comprenant pas le français, est tout de suite saisi par l’action grâce à l’importance de la pantomime, au jeu des interprètes et aux inflexions de la voix de Sarah Bernhardt. Sa facilité à comprendre l’intrigue est pour lui la preuve que le sujet est bon et il décide alors de l’adapter pour l’opéra. Bien que la première fut un échec complet, le public en fera rapidement un air populaire.

Opéra russe

L’opéra russe émergea dans les années 1830 en réaction à la suprématie de la culture européenne, notamment celle de l’opéra italien. Les jeunes compositeurs exploitèrent alors des thèmes historiques, religieux et folkloriques russes pour en tirer des mélodies.

Alexandre Porfirievitch BORODINE (né le 12 novembre 1833 à Saint-Pétersbourg (Russie), mort le 27 février 1887 à Saint-Pétersbourg (Russie))
Ce compositeur, également chimiste et médecin, est le fils naturel du prince géorgien  Louka Guédianov. Après de solides études de médecine, ethnologiques, historiques et musicales, il entame la rédaction en 1869 de l’opéra Le Prince Igor (dont sont extraites les célèbres Danses polovtsiennes) et inachevé à sa mort. Plus tard, Borodine est profondément affecté par la mort de Moussorgski en mars 1881. Son état physique se dégrade. Il souffre de plusieurs attaques cardiaques et même du choléra. Son œuvre, elle, commence à se diffuser en Europe, et il continue la composition de son opéra Le Prince Igor. Le 27 février 1887, il assiste à un bal masqué et  s’effondre, victime d’un infarctus à l'âge de 54 ans. Dix-huit ans plus tard, Alexandre Glazounov et Rimski-Korsakov achèveront ce qui reste encore aujourd’hui son œuvre majeure, l’opéra Le Prince Igor.

Modest Petrovitch MOUSSORGSKI (né le 21 mars 1839 à Karevo (Russie), mort le 28 mars 1881 à Saint-Pétersbourg (Russie))

Modest Petrovitch Moussorgski, le plus nationaliste des compositeurs russes, est surtout connu pour son épopée opératique Boris Godounov, directement inspirée de l’œuvre du grand poète russe Alexandre Pouchkine.
Rejetant « l’art pour l’art », sa musique vocale reflète des inflexions et des intonations du langage parlé, notamment dans des chœurs évoquant l’église orthodoxe et la tradition populaire. En 1874, année de la première de Boris Godounov, l’alcoolisme ravageait la vie du compositeur. Des périodes de sobriété lui permirent de composer ses plus grandes œuvres, mais il rechuta. Début 1881, on lui diagnostiquera une épilepsie alcoolique et il mourut une semaine après son 42ème anniversaire.

Il est probable que la première de 1862 de l’opéra de Verdi, La Forza del destino, à Saint-Pétersbourg, ait influencé Moussorgski pour son Boris Godounov.

Piotr Ilitch TCHAÏKOVSKI (né le 7 mai 1840 à Votkinsk (Russie), mort le 6 novembre 1893 à Saint-Pétersbourg (Russie))

Piotr Ilitch Tchaïkovski est surtout connu pour ses symphonies, ses concertos et sa musique de ballet (dont le célèbre Lac des Cygnes), mais il écrivit deux chefs-d’œuvre pour l’opéra, Eugène Onéguine et La Dame de Pique, inspirés par Alexandre Pouchkine. Il composa plusieurs autres opéras qui, populaires de son vivant, sont maintenant rarement représentés hors de Russie.
Le compositeur eut une vie pour le moins tourmentée. Tchaïkovski avait 9 ans lorsque sa famille s’installa à Saint-Pétersbourg, centre de la cour et de la musique. Sa mère mourut six ans plus tard, ce qui contribua peut-être à la difficulté du compositeur à aimer une autre femme. Sa vie personnelle était fort compliquée. En 1877, alors qu’il travaillait à la célèbre « scène de la lettre » d’Eugène Onéguine (cette scène dépeint le désir d’amour d’une jeune femme, Tatiana, dont l’affection sera rejetée par Onéguine), Tchaïkovski reçu une lettre d’amour passionnée d’Antonina Milyukova, étudiante du Conservatoire de Moscou. Troublé par la coïncidence, Tchaïkovski accepta d’épouser Antonina afin de ne pas ses comporter comme Onéguine avec Tatiana. Le mariage, peut-être destiné à cacher son homosexualité, dura à peine trois mois et conduisit Tchaïkovski au bord du suicide. Mais il parvint tout de même à terminer Eugène Onéguine.

Eugène Onéguine s’inspire d’un poème de Pouchkine. Si les premiers opéras de Tchaïkovski furent influencés par l’école de musique « nationaliste », pour Eugène Onéguine, qui allait devenir l’opéra le plus populaire de Russie, il revint à un style plus européen. En effet, bien qu’il évoque la vie campagnarde de la bourgeoisie sous les tsars, sa musique est résolument occidentale, éloignée des connotations religieuses et populaires qu’affectionnaient les autres compositeurs russes de l’époque.
Pour cet opéra, on raconte que Tchaïkovski avait tellement peur de l’échec qu’il créa Eugène Onéguine avec des étudiants du Conservatoire de Moscou, même si les jeunes voix n’étaient pas capables de soutenir les défis émotionnels des rôles principaux. Fort heureusement, le succès de l’opéra attira bientôt des chanteurs plus mûrs.

Opéra français

Georges BIZET (né le 25 octobre 1838 à Paris, mort le 3 juin 1875 à Bougival, près de Paris)

L’extraordinaire célébrité de Georges Bizet comme compositeur d’opéra est le fruit d’une seule œuvre, Carmen. Seuls un ou deux de ses autres opéras sont encore représentés de nos jours mais aucun n’a atteint le succès mondial de Carmen. Sa mort précoce, à l’âge de 36 ans, interrompit brutalement une brillante carrière.
Après la guerre franco-allemande de 1870-1871, Bizet se consacra à l’écriture de Carmen. Il espérait, avec cet opéra, répondre aux critiques qui l’avaient accusé d’être compliqué et obscur. « Eh bien, cette fois, j’ai écrit une œuvre qui est toute clarté et vivacité, pleine de couleurs et de mélodies » déclara-t-il. Mais la première fut un fiasco et, bien que Carmen fût rapidement salué comme un chef d’œuvre, Bizet ne vécu pas assez pour savourer sa réussite.

Carmen, l’un des plus célèbres opéras du monde, ne fut pas instantanément reconnu comme chef-d’œuvre : son indécence choqua le public. Bientôt, cependant, la magie de Carmen séduisit par le charme de ses mélodies, l’ « exotisme » de la partition et la force des personnages.

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